

Creully sur Seulles et ses environs, des villages aux multiples histoires
![]() |
Creully - Broomfield, Adolphus George |
![]() |
Hôpital de campagne près de Creully - Broomfield, Adolphus George |
![]() |
Convoi routier vers le front à Cully - Broomfield, Adolphus George |
![]() |
Lantheuil - Tente de camouflage - Goranson, capitaine d'aviation Paul Alexander |
![]() |
Lantheuil - Goranson Paul Alexander |
![]() |
Amblie - Bennett, Capitaine John Alfred Everest |
![]() |
Courseulles - Fisher, Capitaine Orville Norman |
![]() |
Courseulles - Fisher, Capitaine Orville Norman |
![]() |
Courseulles - Bone, Stephen |
A une demi-lieue du cœur du bourg de Colombiers-sur-Seulles, surplombant la vallée de la Seulles, depuis le sommet du coteau, se dressait jadis une sentinelle de pierre, un monolithe imposant que l’on nommait « la Pierre Debout ». Ce menhir, sculpté par le temps et les éléments, s’élevait fièrement à 3,60 mètres, tel un vestige des âges oubliés, gardien silencieux d’un antique chemin où, disait-on, passait jadis une voie romaine.
Mais la Pierre Debout n’était pas qu’un simple roc figé dans l’éternité. Autour d’elle, les légendes murmuraient et les croyances s’entremêlaient. On racontait qu’elle était dotée d’un pouvoir mystérieux, capable d’exaucer les vœux de celles qui osaient la défier. Des pèlerins en route vers Notre-Dame de la Délivrande faisaient halte en ces terres, des jeunes filles en quête d’amour et de mariage se risquaient à accomplir un rite ancestral. Selon la tradition, elles devaient grimper sur le sommet du menhir, déposer une pièce de monnaie dans une cavité naturelle de la pierre, puis, le cœur battant, sauter dans le vide. Si l’épreuve était réussie, on disait que leur vœu d’union serait exaucé avant la fin de l’année.
Vers 1845, est-ce à force de recevoir les offrandes d’innombrables mains tremblantes d’espoir, la Pierre Debout finit par s’affaisser sous leur poids, emportée par le destin qu’elle avait si longtemps façonné ? On accusa les sabots des postulantes d'avoir déformé les cupules rituelles qui existaient sur la pierre.
C’est ainsi que l’on cessa de la nommer simplement « la Pierre Debout », et qu’elle devint, à jamais, le « Menhir des Demoiselles », témoin muet des espoirs et des promesses d’antan.
Paroles de lavandières
Nous sommes en septembre 1834, sur le bord du lavoir de Sainte Croix Grand'tonne
Jeanne : Dis donc, Marguerite, as-tu entendu parler de ce qui est arrivé à la foire de Creully l’autre jour ?
Marguerite : Oh que oui, Jeanne ! Tu parles de Marie Levillain, la femme Bonvoisin ?
Jeanne : Exactement ! Figure-toi qu’elle était chez le sieur Hergaux, en train de faire mine d’examiner ses étoffes...
Marguerite : Hum... Je vois bien le genre, l’air de rien, la main qui traîne...
Jeanne : C’est ça ! D’une main, elle touchait un morceau de tissu, et de l’autre, hop ! Une belle pièce de cotonnade sous le tablier. Ni vue ni connue, elle s’en allait tranquillement !
Marguerite : Mais alors, comment s’est-elle fait prendre ?
Jeanne : Ah ! Les Hergaux, père et fils, avaient l’œil. Ils l’ont arrêtée avant qu’elle ne s’éclipse.
Marguerite : Ah la malheureuse ! Et elle a avoué ?
Jeanne : Pas du tout ! Elle a laissé tomber la pièce, levant les bras au ciel, jurant qu’elle était innocente comme un nouveau-né !
Marguerite : Ah ! Ces histoires, toujours les mêmes... Et la justice, qu’en a-t-elle dit ?
Jeanne : Eh bien, le tribunal n’a pas été dupe, ma chère. Trois mois de prison et les dépens !
Marguerite : Eh bien, elle s’en souviendra ! À trop vouloir jouer les fines, on finit par se brûler les ailes !
Jeanne : Comme tu dis, Marguerite. Allez, frottons, y’a encore du linge à laver !
Jean-Marie Mesnil, un creullois, nous a quitté. Triste nouvelle de perdre un ami, féru d'histoire comme moi.
Noé Groult a bien voulu retracer la vie de Jean-Marie:
![]() |
Jean-Marie au volant du camion de livraison de l'épicerie Mesnil, bien connue sur la place de Creully. |
Jean Marie
reste pour moi une merveilleuse rencontre que je mettrai au même
niveau que ma
rencontre avec Pierre Troisgros. Je suis arrivé à Creully en mars 1973, pour
devenir l'adjoint de Mme Monique Corbet qui était responsable de
l'administratif de la Coopérative de Creully. J'habitai à Meuvaines et en 1976
j'ai construit une maison rue Haimon Le dentu, en face de chez Mr Clairon. Très
vite j'ai fréquenté la cave de Jean Marie et au fil des années nous avons
sympathisé. Il est devenu mon Maitre pour le vin. A son contact je me
suis investit et découvert les subtilités des vins en devenant modestement
un spécialiste du vin, champagne et Calvados. Je me souviens que j'avais
proposé au Directeur de la Coop, Claude Corbet et au conseil d'administration
d'offrir un magnum de Vin de Bordeaux pour une assemblée générale. Jean
Marie, Il était descendu, chez la Maison Dourthe et avait dégusté trois
cuvées. A la réception, il ouvre une bouteille et il ne retrouve pas le vin
désiré. Il retourne la palette et exige le bon. En rangeant ma cave je
viens de découvrir un magnum du N° 1 de chez Dourthe millésime 1998, que
j'avais commandé pour Assemblé Générale de décembre 1999.
" A l'occasion du changement de Millénaire, votre Coopérative de
Creully est heureuse de vous offrir ce magnum gage de prospérité." Je
n'oublie pas, quand, j'ai créé " Les Délices du Parc" à Courseulles
sur mer avec un associé, Jean Marie nous a donné un sacré cout de main pour le
choix des produits, les prix et sur les délais de paiements. Quand je
pense à lui, je me rappelle des moments exceptionnels, quand nous mangions chez
le curé Morcel un sacré personnage il habitait au dessus de la poste, et avec
une petite bande Jacki Madelaine, Thierry Collet, Monsieur Henry Dumesnildot,
Jean Marie et quelques autres qui se joignaient à nous, on passait des
moments inoubliables à refaire le monde. Un jour j'ai organisé dans "sa
cabane" à St Come de Fresne, un repas gastronomique pour la bande
avec une dizaine de plats dont foie gras, carpaccio de lotte, la crème de bulot
que j'ai eu le plaisir de présenter à Pierre Troisgros, saumon cuit dans du
paprika fumé, encornets farcis. et ...pleins choses encore, quel souvenir et
surtout heureux de lui avoir fait plaisir.
C'était un
homme fidèle en amitiés et en commerce, il me racontait dernièrement qu'il
travaillait avec la Maison Ramage La Bâtisse depuis les années 60, on peut
ajouter Henriot, Devaux, Pabiot, Beyer, Dourthe, Maison en Cheverny,
Faiveley, Chateau Villeneuve et le Calvados de la Maison Huard..
Il
appréciait, les personnes sincères, il détestait les hypocrites et
les renifler de très long il n'aimait pas les beaux parleurs,
et surtout il n'aimait pas d'être trahi, dans ce cas c'était fini à vie.,
Il avait un
caractère bien trempé et des idées bien arrêtées, qui lui donne raison
aujourd'hui.
Il avait
beaucoup d'humour, son gros coup qui avait fait là une des journaux. Avec
un gros bidon en perçant des trous, il avait représenté un extra terrestre qui
atterrissait sur la terre, il l'avait déposé derrière son dépôt dans un champs,
ça se passait la nuit, donc plus impressionnant, et un de ses salariés
était tombé dans le panneau, il racontait partout ce qu'il avait vu résultat
c'est arrivé aux oreilles des gendarmes et des journalistes..................
Je pourrai en
parler pendant des heures, mais mon plus beau souvenir c'est d'avoir fait avec
lui un petit livre sur le champagne, qui m'a donné envi d'écrire un livre sur
le vin, il m'a donné des conseils et j'en tenue compte, et il l'avait beaucoup
apprécié..
Adieu l'ami
mais tu resteras toujours dans mes pensées.
![]() |
Les archives confirment que la
conception et l’exécution essentielle de l’ouvrage reviennent à Richard Gobey.
Toutefois, son œuvre fut étroitement liée à celle de Robert Gourrault,
trésorier de l’église, dont le nom demeure attaché au dôme, parfois surnommé «
tour Gourrault ». Gourrault, qui semble avoir agi en tant que surveillant des
travaux en l’absence de Gobey, dut faire appel à la générosité des paroissiens
afin d’obtenir des fonds supplémentaires, indispensables à la poursuite du
chantier.
Lorsqu’en 1607, les paroissiens
conclurent un accord avec Gobey, un acte fut rédigé pour en formaliser les
termes. Ce devis, cependant, témoigne d’une rédaction maladroite : soit que le
maître maçon, peu lettré, ait eu du mal à exprimer sa pensée, soit que le
notaire, ignorant des termes architecturaux, en ait mal transcrit les
explications.
![]() |
La pierre d’Orival, embarquée au port de Bernières et
amenée par mer à Quinéville, n’exigea pas moins de « soixante voitures de
harnois » pour être transportée à pied d’œuvre. |
(J'ai recopié ce texte sans en modifier l'orthographe de l'époque.)
Le 30 août 1607, Richard Gobey apposa son seing sur l’acte de marché, attestant ainsi avoir reçu de Robert Gourrault, avocat et trésorier de l’église, un premier versement de 560 livres sur la somme convenue. Les travaux avancèrent avec vigueur durant un an.
Entre
le 11 novembre 1607 et le 8 septembre 1608, Gourrault déboursa encore 644
livres pour rémunérer les carriers d’Yvetot, les mariniers acheminant la pierre
du Bessin jusqu’à Quinéville, les charretiers la transportant jusqu’à Valognes,
ainsi que les ouvriers la mettant en œuvre. À ces dépenses s’ajoutaient les 500
livres versées en 1607, portant le total à 1204 livres, somme presque
entièrement absorbée, alors que le chantier était encore loin d’être achevé.
À l’été 1608, Gobey quitta
Valognes pour se consacrer à une autre construction à Notre-Dame de Saint-Lô.
Confronté à des pertes financières, il refusa de poursuivre les travaux. Les
paroissiens, outrés, mandatèrent Gourrault pour l’obliger à honorer ses engagements,
n’hésitant pas à envisager la saisie de ses biens et même son emprisonnement.
Acculé, Gobey céda et accepta de revenir à Valognes. Sensibles à sa détresse,
les habitants firent preuve de clémence et lui promirent un complément de 300
livres. Toutefois, cette aide se révéla insuffisante, et l’année suivante,
Gobey se retrouva une nouvelle fois sans ressources.
Dans une requête poignante, il exposa son infortune : son logis d’Amblie avait été pillé, ses biens volés, et il risquait d’être contraint de vendre sa dernière maison et d’envoyer sa famille mendier.
![]() |
Creully, Amblie et Bernières sur une carte du littoral de la Manche (1678). |
Il ne réclamait aucun salaire pour lui-même, se contentant de
l’hospitalité d’un paroissien charitable jusqu’à la Toussaint, mais suppliait
que ses ouvriers soient payés. Touchés par son désespoir, les habitants
acceptèrent de verser 200 livres, à condition qu’il ajoute, au sommet de
l’édifice, huit fenêtres avec les moulures et amortissements nécessaires pour
accueillir l’horloge du lieu.
Le 9 novembre 1611, Gourrault
présenta les comptes : il apparut que Gobey avait perçu 2100 livres pour lui,
ses ouvriers et les matériaux, sans en tirer aucun profit. Le trésorier fut
alors chargé d’acquérir quelques charretées de pierre afin de finaliser les
derniers éléments de maçonnerie. Privé de tout nouvel apport financier, Gobey
abandonna une fois de plus le chantier. Pourtant, loin de lui en vouloir, les
habitants réalisèrent qu’il avait été victime d’un marché désavantageux.
Fiers de leur dôme, ils
continuèrent cependant à lui faire confiance et, le 15 décembre 1612, lui
confièrent une nouvelle tâche : la reconstruction de la flèche sur l’escalier
de la chapelle Saint-Sépulcre, près de la grande porte de l’église. Pour ce travail,
ils s’engagèrent à fournir les matériaux et à payer les ouvriers, tout en
promettant à Gobey une rémunération de 60 livres.
Ce maigre salaire fut sans
doute le seul bénéfice pécuniaire que Richard Gobey retira de ses travaux à
Saint-Malo de Valognes. Pourtant, il est probable qu’il ait laissé d’autres
édifices en héritage, car le dôme de Valognes témoigne d’un talent indéniable,
empreint d’une sensibilité artistique singulière et originale.
LE PLAN DE GOBEY
Voici un extrait d'un texte trouvé dans un ancienne "Annuaire du département de la Manche" concernant un plan qui m'a été fourni par Franck Isidor:
Sources : Annuaire du département de la Manche - Bourde de la Rogerie - Archives départementales du Calvados - Franck Isidor.
Dans
la nuit de samedi 2 à dimanche 5 mai 1846, entre onze heures et minuit, la
commune de Colombiers-sur-Seulles fut mise en émoi. De toutes parts, on criait : «
Levez-vous ! Au secours ! À la garde ! » Et chacun de se lever et d’accourir.
La garde nationale fut requise, et le commandant de cette milice citoyenne se
retrouva bientôt à la tête de quatorze hommes, dont le premier était le maître
d’école, armé d’un bâton d’environ trois mètres de long.
Les autres citoyens s’armèrent de
pelles, de fourches, de râteaux et d’autres instruments aratoires ; il ne
manquait plus qu’une charrue en guise de canon. On eût dit une véritable armée
révolutionnaire.
Que se passait-il donc ? Des voleurs
avaient été signalés dans l’église ! On proposa d’envoyer chercher les
gendarmes à Creully, de prévenir le maire, d’aller à Caen avertir le procureur
du roi. Un malin suggéra même de sonner le tocsin. « Mais pour sonner le
tocsin, » fit remarquer un troisième, « encore faut-il entrer dans l’église ! »
Chacun fut vexé d’avoir été réveillé en
sursaut. Bientôt, l’exaspération atteignit son comble, et il s’en fallut de peu
pour que l’on ne lapidât le malheureux.
Cependant, le commandant, après lui
avoir fait rendre non pas son épée, mais son balai, lui demanda pourquoi il
balayait à une heure si tardive. Le custos répondit :
— J’avais envie d’aller à la foire
demain, alors je mettais tout en ordre pour pouvoir partir.
Force fut aux assiégeants victorieux de
se retirer sans punir le custos.
Et voilà comment, en cette mémorable
nuit de mai 1846, le bourg de Colombiers fut mis en alerte.
L'écrit retrouvé mentionne "Colomby sur Seulles"...
La presse dont le journal "le temps" dans son édition de Paris relatait qu'un enfant avait participé à lutter contre l'incendie qui embrasait Creully en novembre 1840.
Voici son histoire.Le 17 novembre 1840, le village de Creully fut enveloppé par une nuit d’horreur. Les flammes, déchaînées par un vent féroce, ravageaient tout sur leur passage, réduisant en cendres près de 80 % des maisons. Le ciel, zébré par l’éclat rougeoyant de l’incendie, illuminait les visages terrifiés des habitants qui fuyaient, des larmes de désespoir dans les yeux.
Au loin, le grondement des sabots résonnait : pour venir en aide aux sapeurs-pompiers de Creully, ceux de Caen accouraient, déterminés à arracher ce petit bourg à l’étreinte mortelle du brasier. Parmi eux, une silhouette inhabituelle se glissait entre les hommes. C’était un enfant, pas plus haut que trois pommes, mais dont les yeux vifs trahissaient une intelligence remarquable. Son nom : Denier.
Le jeune garçon, témoin de ce drame, ne resta pas à l’écart. Usant de son esprit vif et de son courage rare, il se rendit utile parmi les pompiers. Qui pour transmettre un seau, qui pour rassurer une vieille femme en pleurs. Sous les regards admiratifs des hommes en uniforme, le petit Denier devint une source d’inspiration, un symbole d’espoir au milieu des cendres.
Quand enfin les flammes furent vaincues et que la paix revint sur Creully, la compagnie de Caen convia le garçon à partager les modestes rafraîchissements qui suivaient habituellement leurs exploits. Ils avaient trouvé en lui bien plus qu’un simple enfant curieux : une âme vaillante, forgée par la vie avant l’heure. Dès ce jour, il devint l’“enfant du régiment”.
Mais la vie, souvent cruelle, avait réservé d’autres épreuves à Denier. Son père, lui-même pompier, perdit tragiquement la vie lors de l’extinction d’un autre incendie, à Beaulieu, à Caen. Orphelin, le petit garçon aurait pu sombrer dans la solitude. Mais les liens qui l’attachaient à cette grande famille de pompiers se firent plus solides encore.
Un dimanche, lors d’une revue, le capitaine Jobert rassembla ses hommes autour de Denier. D’un ton grave mais chargé de tendresse, il rappela l’histoire émouvante de cet enfant courageux, protégé par leur communauté. Puis, dans un élan d’humanité, il lança une question :
— Messieurs, qui parmi vous serait prêt à prendre ce garçon sous son aide et à lui apprendre un métier pour assurer son avenir ?
À peine eut-il fini qu’une clameur s’éleva. Vingt voix généreuses proposèrent leur aide. Mais un homme, plus rapide que les autres, sortit des rangs. C’était M. Becquémié, serrurier de la rue Saint-Martin. Il s’avança avec fermeté, prit la main du garçon et déclara :
— Moi, capitaine. Je m’engage à faire de ce brave garçon un honnête homme et un bon ouvrier.
Les larmes jaillirent des yeux de Denier alors qu’il se jeta au cou de son bienfaiteur, murmurant des mots de gratitude. L’émotion de la scène était contagieuse ; hommes et spectateurs, tous furent bouleversés par cet instant de pure humanité.
Les journaux du Calvados firent grand cas de cette belle histoire, rappelant à tous la force de la solidarité et le pouvoir du courage, même dans les heures les plus sombres. Quant à Denier, il trouva dans le feu et l’acier une famille, un métier, et la promesse d’un avenir digne de celui qu’il était destiné à devenir.
![]() |
La Madeleine de Tilly sur Seulles |
![]() |
La foire de Tilly |
![]() |
La louerie de Creully |
![]() |
La foire de Creully |
C'était un lieu étrange, presque ensorcelé, où les légendes dansaient encore au crépuscule. Là-bas, à l'angle de la plage, près de l’embouchure d’une petite rivière portant le doux nom de Provence, se dressait autrefois une tour imposante. À l’ombre de ses créneaux et de ses mâchicoulis, elle semblait surveiller les âmes et les marées, défiant le temps et les envahisseurs. On l’appelait La Tour du Fol.
Les anciens
prétendaient que cette sentinelle de pierre avait été érigée bien avant
l’invasion de la Bretagne (Angleterre) par César et ses légions. Pourtant, nul
historien, ni même les érudits les plus opiniâtres, n’ont pu en percer les
mystères. Les vieilles pierres murmurent que les Romains, désireux de contenir
les rébellions gauloises et de sécuriser leurs conquêtes, bâtirent cette
forteresse pour scruter l’horizon, prêts à repousser tout adversaire.
Parmi les hommes qui arpentaient les murailles de cette tour, un centurion
nommé Carus avait laissé une empreinte profonde. Cet officier romain, aguerri et droit, était aussi père. Sa fille Livie, jeune femme à l’éclatante beauté, illuminait ces lieux austères de sa grâce. Dix-huit printemps avaient suffi à façonner son éclat. Avec ses longs cheveux noirs comme l'aile d’un corbeau et ses yeux limpides comme le ciel par une nuit d’été, elle était un poème vivant. Sa beauté n’était pas seulement celle des traits, mais aussi celle d’un cœur pur et aimant.Livie avait
grandi dans l’enceinte protectrice de la forteresse, loin des tumultes du monde
extérieur. Mais ce monde finit par la trouver. Une soirée de printemps changea
tout. Sous les cieux baignés d’une lueur douce, elle croisa le regard de
Verbrenn, un chef gaulois à la bravoure aussi légendaire que son orgueil.
Captivé, l’homme ressentit un bouleversement profond en voyant cette silhouette
drapée de blanc. Elle semblait à la fois divine et humaine, inaccessible mais
si proche. De ce premier échange silencieux naquit une passion aussi brûlante
que les braises d’un feu sacré.
Pourtant, leur
amour naissant était voué à braver la violence des temps. Verbrenn, malgré ses
sentiments, était un rebelle dont la colère et le courage inspiraient les
opprimés. À l’appel des Druides et des dieux celtiques, il devint le fer de
lance d’une insurrection contre l’envahisseur romain. Une nuit sombre, alors
que la forteresse dormait, les Gaulois lancèrent leur assaut. Les cris féroces
des assaillants et le tintement des armes rompirent la quiétude. Les gardes
furent pris par surprise ; la garnison périt.
Elle s’empara
de l’arme de Verbrenn, se métamorphosant en une lionne de vengeance. Avec une
force presque surnaturelle, elle se battit contre ses propres sentiments,
contre les vainqueurs qui l’entouraient. Mais son cœur ne trouva ni victoire ni
repos. Elle chuta, le corps percé de coups.
Verbrenn,
terrassé par le chagrin, se tint près d’elle, incapable d'accepter cette perte.
Le guerrier, que ni Rome ni les armes n’avaient pu abattre, s’effondra. Leur
union avait défié les lois humaines et les ordres divins. La mort seule s’était
imposée.
Les nuits de
pleine lune, dit-on, deux silhouettes lumineuses hantent l’ancienne tour.
Verbrenn, le héros des Gaules, et Livie, la fière Romaine, marchent côte à
côte, unis par l’éternité. Car si la guerre avait ravagé leurs vies, l’amour,
dans sa pureté éternelle, avait triomphé du temps et de la mort.
![]() |
A la fin du 19e siècle,
Georges Lanquest, directeur du journal "le Home" à Paris, fit construire un lotissement appelé
"hameau du Petit Trianon" où fut érigé un "temple de
l'Amour". On dit que ce fut sur l'emplacement de la "Tour du
Fol". Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 l'ensemble est bombardé, seule la
maison du garde est épargnée.
Source : Livre de G Lanquest paru en 1907.
Les seigneurs de Courseulles disposaient non seulement de droits de pêcheries et de pêche, mais ils jouissaient également d’un autre privilège, appelé « tentes à oiseaux » ou simplement « tentes ». Dans les marais proches de la mer, se trouvaient des mares appelées « canardières ». Près de ces mares, on installait des abris, tels que des huttes ou des tentes, permettant aux chasseurs de se dissimuler pour attendre et abattre les oiseaux sauvages. Aujourd’hui, cette pratique est connue sous le nom de chasse au gabion.
Cela nous amène à se souvenir de l'histoire de "la demoiselle de Courseulles".
Laissons Silviane et Germaine nous la conter:
Sylviane : Tu connais l’histoire des marais de
Courseulles ?
Germaine : Un peu, mais raconte-moi. J’ai
toujours entendu dire que ça avait
causé bien des disputes.
Sylviane : Oh oui, les marais étaient au cœur de
nombreux conflits entre les seigneurs et leurs hommes. Chacun réclamait la
propriété et l’usage des terres. Ça a donné lieu à des procès interminables,
qui remontent jusqu’à 1460 et se sont poursuivis pendant des siècles.
Germaine : Quel bazar ! Et cette fameuse digue,
elle date de quand ?
Sylviane : Après un gros coup de mer qui a
détruit la dune protégeant les terres, ils ont dû construire une digue de 200
mètres. En plus, ils ont installé un aqueduc à clapet pour drainer l’eau des
marais à basse mer.
Germaine : Ils ne manquaient pas d’imagination,
ces anciens. Mais attends, ce n’est pas tout, non ? Il me semble qu’il y avait
une histoire de jeune fille qui s’était aventurée là-bas.
Sylviane : Ah, la belle histoire ! Une jeune
fille de Courseulles, douce et jolie comme un agnelet, s’est un jour retrouvée
coincée dans une mare des marais. Heureusement, son chien, Stop, s’est mis à
hurler et a attiré un baron qui chassait non loin de là avec deux amis.
Germaine : Et le baron l’a sauvée ?
Sylviane : Oui, mais pas sans conditions ! Il
lui a demandé : « Que nous donneras-tu, la belle, si nous te sortons de là ? »
Tu sais ce qu’elle a répondu ?
Germaine : Non, dis-moi !
Sylviane : « Sortez-moi d’abord, et après, on
verra ! » Une fois hors de l’eau, l’un des seigneurs a réclamé un baiser et son
cœur. Mais elle a tenu tête : « Mon cœur n’est pas pour un baron, mais pour mon
Pierre, mon mignon ! » Elle a ensuite fait un salut élégant et est partie,
suivie de son chien.
Germaine : Quelle audace ! Et ensuite, qu’est-il
arrivé ?
Sylviane : Eh bien, les seigneurs ont raconté
l’histoire à la baronne au château. Elle a été tellement impressionnée par la
sagesse et la vertu de la jeune fille qu’elle l’a convoquée. La baronne lui a
promis une dot pour son mariage avec Pierre. En plus, elle a proposé de couvrir
tous les frais d’église, selon les anciens statuts synodaux « de Patrimonio » (voir ci-dessous).
Germaine : Quelle belle fin ! Comme quoi, rester
fidèle à son amour finit parfois par porter ses fruits.
Sylviane : Absolument. Une vraie leçon de
courage et de droiture.
La plus ancienne photographie de la place de l'église, datant probablement de 1870, nous permet d'apercevoir une colonne, source de bien des interrogations.
![]() |
Collection de Michel Fafin |
Ainsi commence une nouvelle recherche dans les archives, qu'elles soient départementales ou nationales, pour un passionné d'histoire locale.
La délibération du conseil municipal de Creully
Le projet de statue. |
Cependant, de nombreuses communes qui avaient exprimé de telles intentions n'ont pas forcément concrétisé ces projets, faute de moyens financiers ou en raison des changements politiques successifs.
Les habitants de Creully ne virent jamais la statue de Louis XVI mais purent profiter du premier puits de la place de l'église.
Son
Excellence le ministre de l’Intérieur, craignant dans doute que cette dépense n’absorbât
les ressources de la commune, ne crut pas devoir accorder l’autorisation qu’on
lui avait demandée à cet effet.
D’après les
conseils de l’autorité supérieure, une partie de la somme votée a été employée
à la construction d’un puits public, sur lequel s’élève une colonne destinée à
porter la statue.
Des années plus tard, la colonne fut détruite et, à son emplacement, une pompe fut installée, laquelle sera un jour surmontée d’un réverbère.