Creully sur Seulles - 1873 - Projet d'alignement sur les routes départementales


Les archives départementales du Calvados recèlent de véritables trésors. À chacun de mes passages, je prends un plaisir presque secret à les redécouvrir, à en tourner les pages comme on effleure un passé encore vivant, et à en capter l’essence pour mieux la préserver. De ces instants naissent des articles, fruits de mes explorations, que je me réjouis de partager avec vous à travers les pages de mon blog.

Plongons-nous dans des plans datant de 1873 représantant les routes départementales qui traversent Creully sur Seulles en indiquant les modifications d'alignement ( en jaune) à effectuer sur les maisons qui bordent ces routes.
Je vous invite à découvrir chaque route qui traverse Creully à travers une série de vidéos que j’ai conçues comme des promenades guidées. Sur ces images en mouvement, j’ai disposé des photographies des ruelles, des sentes et des passages, tout en y signalant les commerces d’aujourd’hui. Une manière simple et vivante de vous repérer, comme si vous y étiez, marchant à mes côtés.

RUE DE BAYEUX

 RUE DU MARECHAL MONTGOMERY
PLACE E.PAILLAUD
RUE DE CAEN
RUE DE BRETTEVILLE
RUE DE TIERCEVILLE

Ver sur Mer - Les ombres des voiles du nord - Une légende

Ver-sur-Mer se tenait fièrement en Normandie, marqué du sceau de saint Gerbold, protecteur bienveillant de ces terres battues par les flots. La Tour de Fol, dominant la mer, perchée non loin de Bayeux, dans le village de Ver sur mer, racontait à elle seule des siècles de destins. Lieu de légendes.

C’était une époque troublée, où la mer n’apportait guère d’autre écho que celui du danger. Vers le commencement du neuvième siècle, les Normands, maîtres intrépides de leurs frêles esquifs, déferlaient sur le riche et beau pays de France. Leurs incursions ne connaissaient pas de limites : ils remontaient hardiment les rivières, pénétrant loin dans les terres où nul ne pensait qu’un ennemi pouvait s’aventurer. Quant aux contrées riveraines, elles vivaient sous l’incessante menace de ces marins farouches, payant de lourdes rançons pour épargner leurs terres du feu et de l'épée.

Gravure datée de 1869

Certes, des seigneurs courageux veillaient sur leurs domaines. Mais hélas, rien ne pouvait rivaliser avec la mobilité foudroyante des assaillants scandinaves, qui surgissaient et disparaissaient comme des ombres. Leur passage laissait derrière eux le désastre : des villages réduits en cendres, des campagnes dévastées, et une moisson de morts.

Au cœur de ces temps tourmentés, une bâtisse se dressait, belle et téméraire à Ver sur mer : la Tour du Fol ou d'Amour, ainsi nommée à cause de l’histoire qu’elle abritait. Là vivait un jeune seigneur, récemment uni à une damoiselle d’une rare beauté, rencontrée dans les environs. Leur amour était flamboyant, éclatant, un phare dans l’obscurité d’une époque de troubles. La lune de miel illuminait leurs jours et leur faisait oublier tout le reste : les tracas du monde, les murmures des menaces et jusqu’aux cris de guerre qui bruissaient parfois au loin.

Le cœur du seigneur battait exclusivement pour son épouse, et il délaissait volontiers toute affaire militaire pour s’abandonner à ses caresses et à son sourire. Il ne voyait en ces "Northem" que des ombres lointaines, incapables de troubler le sanctuaire de son amour.

Cependant, l’amour, tout puissant qu’il fût, n’avait pas protégé la Tour du Fol des regards avides. Un chef normand, Wilkind, avait appris la présence de la belle châtelaine. Homme d’ambition et de conquêtes, il avait toujours su s’arroger ce que son cœur désirait, soit par la force, soit par la ruse. Et cette fois encore, il se jura d’en faire de même.

"Ce trésor m’appartiendra !" avait-il proclamé à ses compagnons, le regard fixé sur l’horizon. À ses guerriers, il laissait tout le reste : les coffres, les vivres, les joyaux. Mais la dame, elle, serait pour lui.

La lune montait haut dans le ciel, recouvrant les eaux calmes d’un voile d’argent. Sous les ombres de la nuit, les barques des Scandinaves glissèrent sans bruit. Wilkind et ses hommes attendaient l’heure propice pour frapper, tapis comme des loups affamés.

Pendant ce temps, au sommet de la Tour du Fol, rien ne troublait la félicité du seigneur et de sa dame. Reposés dans l’intimité de leurs alcôves, ils ne savaient rien des cendres et des flammes qui s’apprêtaient à consommer leur rêve. Mais à l’ombre du bonheur rôdait le malheur, et la Tour du Fol n’était peut-être plus que le théâtre d’un dernier acte.

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Minuit tombait comme un voile sur la campagne endormie. La Tour du Fol baignait dans une sérénité trompeuse, son sommet caressé par les éclats de la lune. Loin en contrebas, l’onde noire de la mer laissait s'approcher les barques des guerriers normands. Avec une précision silencieuse, Wilkind guidait ses hommes. Ils glissèrent dans les eaux, leurs rames mordant les flots sans un bruit.

L’obscurité était leur alliée. Une fois accostés, ils se dispersèrent comme une nuée, serpentant entre les herbes hautes et les ombres projetées par les murailles de la tour. Wilkind marchait en tête, son esprit déjà captivé par l'image de celle qu'il venait arracher à son paradis terrestre.

Pendant ce temps, dans les murs épais de la Tour du Fol, l’amour régnait encore. Le jeune seigneur, allongé auprès de son épouse, admirait le doux contour de son visage baigné par une lumière d’argent. Elle souriait dans son sommeil, insouciante, tandis que lui se promettait en silence de l’aimer jusqu’à la fin des âges.

Mais les dieux, cruels spectateurs, s’apprêtaient à briser cette harmonie.

Un cri déchira soudain la quiétude de la nuit, suivi par le tintement du métal. Surpris dans leur sommeil, le seigneur et sa dame bondirent de leur couche.

"Que se passe-t-il ?" murmura-t-elle d’une voix tremblante.

Déjà, le bruit des pas précipités retentissait dans les escaliers de pierre. Les flammes montèrent dans l’obscurité, lançant des ombres terrifiantes sur les murs. Le seigneur attrapa son épée, toujours à portée de main, et se tourna vers elle :

"Reste ici, ma douce ! Je vais voir. Garde la porte close quoi qu'il arrive."

Elle voulut le retenir, mais déjà il s’élançait, sa lame brillant sous la lumière tremblante des torches.

C'est ici, à Ver sur Mer que s'élevait la "tour du Fol" dite "tour de l'Amour"

Dans la grande salle en contrebas, les Normands s’étaient déjà engouffrés, repoussant les gardes qui tentaient en vain de défendre l’entrée. Wilkind avançait, imposant, le regard fixé sur le sommet de la tour. Mais il se figea un instant en voyant le jeune seigneur descendre l’escalier, le port altier, son épée au clair.

"Tu oses souiller ma demeure !" tonna-t-il, la voix vibrante d’une colère sacrée.

Wilkind sourit, amusé par le défi lancé. Il fit un signe de la main ; ses hommes s’écartèrent.

"Je suis venu pour elle," répondit-il avec un calme froid. "Cède-la, et je t’épargnerai."

Les flammes dansaient autour d’eux, et dans ce décor de feu et de cendres, les deux hommes s’observèrent.

"Plutôt mourir que de te livrer ma femme !" répliqua le seigneur.

Wilkind tira son épée, un sourire carnassier éclairant son visage.

"Soit, seigneur. Mourons alors… ou vainquons !"

 La grande salle résonna bientôt des bruits d’acier contre acier. Le jeune seigneur, porté par la rage et l’amour, se battait avec une ardeur désespérée. Mais Wilkind, rodé aux batailles, avait la puissance et la technique. Il parait chaque coup avec une aisance effrayante, tournant autour de son adversaire tel un fauve autour d'une proie affaiblie.

Au sommet de la tour, la dame écoutait, le cœur battant. Ses mains tremblaient tandis qu’elle serrait contre elle un poignard d'apparat, seul vestige d'une défense dérisoire. Ses prières montaient vers le ciel, mais les dieux restaient silencieux.

Lorsque le cri du seigneur perça les bruits du combat, suivi du lourd fracas d’un corps tombant sur la pierre, elle comprit que l’inévitable s’était produit.

Les pas montèrent l’escalier, lents, implacables. Puis Wilkind apparut dans l'encadrement de la porte. Ses yeux d’acier croisèrent ceux, effrayés, de la jeune femme.

"Rien ni personne ne m’arrête," déclara-t-il, d’une voix aussi froide que le métal qu’il portait.

La jeune femme recula, son regard rempli de défi malgré la peur. Le poignard qu’elle tenait dans ses mains tremblantes brillait faiblement à la lumière des torches. Wilkind s’approcha lentement, le sourire d’un prédateur jouant sur ses lèvres.

Mais alors qu’il tendait une main pour s’emparer d’elle, un bruit inattendu, lourd et sec, retentit depuis l’escalier. Les derniers gardes loyalistes avaient dû se regrouper pour tenter un sursaut. Wilkind hésita, son instinct d'homme de guerre prenant le dessus.

Le bruit d'une corne, écho venu des bois voisins, porta avec lui une nouvelle : les habitants du domaine, rassemblés par des messagers qui avaient échappé à l'attaque, arrivaient en renfort. Une bataille restait à jouer.

Wilkind lança un regard noir à la dame. "À bientôt, belle," grogna-t-il avant de reculer vers l’escalier. Laissant là son rêve brisé par la ténacité de ses proies, il disparut dans les ombres comme il était venu.

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L’aube se leva sur la Tour du Fol, dévoilant le chaos laissé par l’assaut. Des murs noircis par les flammes se tenaient encore debout, comme des sentinelles témoignant d’une bataille âprement menée. Le sol était jonché de débris : armes abandonnées, écharpes ensanglantées, et le silence pesant des vaincus.

Le jeune seigneur, blessé mais debout, errait dans la cour. Sa silhouette vacillante portait les marques du combat : son épaule saignait, et son bras gauche pendait inutile. Pourtant, son regard ne cherchait qu’une chose : elle.

Dans l’escalier menant à la chambre haute, il trouva sa dame, blottie derrière une porte défoncée. Ses mains serraient encore le poignard inutile, mais ses yeux pleins de larmes s’illuminèrent à la vue de son époux.

"Tu es vivant !" s’écria-t-elle, courant vers lui malgré la douleur qui habitait son cœur.

Le jeune seigneur la prit dans ses bras, murmurant des paroles rassurantes bien que son esprit fût empli d’angoisses. Les Normands, même repoussés cette nuit-là, reviendraient. Il le savait. Ce n’était qu’un répit, une lueur dans les ténèbres.

 Les jours suivants furent consacrés à panser les plaies et à relever les murs. Les villageois, rassemblés autour de la tour, proposèrent leurs bras et leurs ressources pour rebâtir ce que les flammes avaient détruit. Le couple, désormais uni par une épreuve terrible, travaillait sans relâche. La jeune épouse, pourtant si frêle, apportait le courage et l'espoir par sa seule présence.

Mais malgré l’amour et la solidarité, un murmure sourd parcourait la région. Wilkind et ses hommes n’avaient pas été écrasés, seulement dispersés. Et si leur chef n’avait pas pris la dame ce soir-là, c’est uniquement parce qu’il avait été rappelé à la prudence.

"Il reviendra," murmurait-on aux abords des champs. "Les Normands ne se contentent jamais d’une défaite."

Le jeune seigneur savait ces murmures vrais. Alors, avec une détermination nouvelle, il entreprit de transformer la Tour du Fol. Elle devint une forteresse, un bastion imposant fait non seulement de pierre mais de loyauté et de feu. Il instruisit ses hommes, perfectionna les défenses, fit couler des douves profondes, érigea des herses impénétrables.

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Épilogue

La légende raconte que Wilkind ne revint jamais. Peut-être les murs imprenables de la Tour d’Amour l’avaient-ils découragé, ou bien ses propres ambitions l’avaient porté vers d’autres rivages. Mais quoi qu’il en soit, la Tour devint un symbole de résilience.

La jeune dame et son époux vécurent de longues années, entourés de ceux qui les avaient aidés à surmonter l’adversité. La Tour du Fol, rebaptisée Tour d’Amour par les générations futures, fut évoquée comme le lieu où l’amour avait tenu tête à la barbarie et où le courage avait résisté à l’effroi.

Certains disent qu’en approchant la vieille tour au clair de lune, on peut entendre le murmure du vent dans les pierres, comme un écho de la promesse faite ce soir-là :

"Jamais notre amour ne pliera."

Et ainsi, parmi les légendes qui parsèment les rivages du nord, la Tour d’Amour continue de briller, non pas seulement comme une forteresse, mais comme un témoignage immortel d’une lutte pour ce qui est le plus précieux : la vie, la liberté… et l’amour.

Source : Livre de G Lanquest paru en 1907.

Lire les deux autres légendes de Ver sur Mer,  Un clic sur les titres ci-dessous :

Clotilde et Lotaire... L'Amour de la Tour de Ver sur mer.
Ver sur Mer - La légende de la sentinelle de pierre : la "Tour du Fol"


 

Le taureau de Creully par les lavandières de Secqueville en Bessin.

 


Retrouvons ces dames au lavoir de Secqueville en Bessin.

Berthe : Ah, Marise, as-tu entendu parler de ce qui s’est passé hier à Creully ?

Marise : Non, quoi donc ? Encore des commérages ?

Berthe : Point du tout ! Un accident, et pas des moindres ! Figure-toi qu’au concours d’animaux organisé par la Société d’agriculture de Caen, un taureau a failli estropier un homme !

Marise : Un taureau ? Sainte Mère ! Mais comment cela est-il arrivé ?

Berthe : Eh bien, les messieurs du jury étaient là, examinant les bêtes comme ils le font chaque année. M. Hornez, un des juges, inspectait la mâchoire d’un taureau pour vérifier son âge. Mais voilà que l’animal, mal retenu par son bouvier, s’énerve tout à coup et se met à ruer comme un diable !

Marise : Grand Dieu ! Et il a blessé quelqu’un ?

Lavoir de Secqueville en Bessin

Berthe : Oh oui ! M. Hornez a eu le bon sens de s’écarter à temps, sinon il était frappé en pleine poitrine. Mais M. le comte d’Osseville, lui, a été jeté à terre comme un vulgaire sac de farine !

Marise : Oh là là, pauvre homme !

Berthe : Et ce n’est pas tout ! M. Jardin a reçu un coup au bras droit, rien de bien grave, mais M. Duquesnel, lui, a été bien malchanceux… la bête lui a rué sur le pied gauche, et il en a été blessé assez sérieusement !

Marise : Ah, les pauvres ! On croit que juger un concours de bêtes, c’est une affaire tranquille, mais voilà bien la preuve du contraire !

Berthe : Tu l’as dit ! Ce n’est pas tout rose, ces histoires-là… Tiens, passe-moi donc ce savon, j’ai encore deux draps à frotter avant de rentrer.

Article sur le même thème Creully sur Seulles - Septembre 1880 - Les jurés du concours agricole face au taureau.

Le premier week-end de printemps 2025, la Seulles disparut puis réapparut deux jours plus tard.

 


Le premier dimanche du printemps, les habitants de Creully et ceux du hameau de Creullet furent témoins d’un phénomène étrange : la Seulles, cette rivière paisible qui serpentait dans la vallée, disparut soudainement. Son cours, d’ordinaire si régulier, s’interrompit brusquement en un point précis de son lit, où un trou s'était formé dans la nuit.


Des habitants de Tierceville, alertés par le silence anormal de la rivière, remontèrent vers l’amont en empruntant les berges. Là où, la veille encore, l’eau clapotait joyeusement, il ne restait qu’un gouffre sombre, avalant la Seulles comme un monstre insatiable. Les villageois s’interrogeaient, certains murmurant qu’un esprit ancien s’était réveillé, d’autres évoquant un phénomène géologique inexplicable.

C'est ici que la Seulles disparut.


Des experts furent appelés, mais ni les géologues ni les hydrologues ne purent donner d’explication immédiate. La rivière s’était tout simplement volatilisée, aspirée sous terre sans laisser de trace.

Puis, deux jours plus tard, alors que le mystère s’épaississait et que certains craignaient de voir la Seulles disparaître à jamais, l’eau revint aussi soudainement qu’elle s’était évaporée. Le gouffre, qui paraissait encore béant la veille, s’était comme refermé sur lui-même. La rivière reprit son cours normal, comme si rien ne s’était jamais passé.

Les habitants restèrent perplexes. Était-ce un caprice de la nature, une faille souterraine qui s’était ouverte puis refermée ? Ou bien une vieille légende locale, oubliée depuis longtemps, venait-elle de leur rappeler qu’il y a bien des siècles, on pouvait quitter la forteresse médiévale de Creully par un souterrain pour rejoindre la grande ferme à l’entrée de Crépon, un village au nord-ouest ? La rivière Seulles avait-elle voulu visiter ce passage secret ?

Quand la laiterie Paillaud de Creully envoyait ses boites de lait en Birmanie.

 La Birmanie a été touchée vendredi par un séisme de magnitude 7,7 qui s'est produit à 16 kilomètres au nord-ouest de la ville de Sagaing, et dont les secousses ont été ressenties jusqu'en Thaïlande. A ce jour on dénombre plus de 1600 morts.

Après la guerre de 39-45, la laiterie PAILLAUD de Creully mettait en boite du lait concentré pour la Birmanie comme nous le prouve l'étiquette ci-dessous.

Collection philippe Vuillemin
Une partie de la laiterie Paillaud .

Creully sur Seulles - Le Père Fouras de Creully

Monsieur Fouras que l'on appelait "le père Fouras" qui a été secrétaire de mairie et un très bon violoniste. Le bureau d'accueil de la mairie était au rez de chaussée de cette tour dès 1946.




les artistes militaires de l'Armée canadienne ont "croqué" Creully et ses environs

Au sein du Musée canadien de la guerre à Ottawa, les collections d'art militaire présentent des aquarelles réalisées par des artistes ayant participé au débarquement de 1944 sur nos côtes.
Je vous en présente quelques-unes réalisées aux alentours de Creully
Creully - Broomfield, Adolphus George

Hôpital de campagne près de Creully - Broomfield, Adolphus George

Convoi routier vers le front à Cully - Broomfield, Adolphus George

Lantheuil - Tente de camouflage - Goranson, capitaine d'aviation Paul Alexander

Lantheuil - Goranson Paul Alexander

Amblie - Bennett, Capitaine John Alfred Everest

Courseulles - Fisher, Capitaine Orville Norman 
Courseulles - Fisher, Capitaine Orville Norman 
Courseulles - Bone, Stephen

Source : musée canadien de la guerre que je remercie de mettre à notre disposition une multitude de documents souvenirs de la guerre 39-45.

Quand les filles voulant se marier s'arrêtaient à Colombiers sur Seulles.


A une demi-lieue du cœur du bourg de Colombiers-sur-Seulles, surplombant la vallée de la Seulles, depuis le sommet du coteau, se dressait jadis une sentinelle de pierre, un monolithe imposant que l’on nommait « la Pierre Debout ». Ce menhir, sculpté par le temps et les éléments, s’élevait fièrement à 3,60 mètres, tel un vestige des âges oubliés, gardien silencieux d’un antique chemin où, disait-on, passait jadis une voie romaine.


Mais la Pierre Debout n’était pas qu’un simple roc figé dans l’éternité. Autour d’elle, les légendes murmuraient et les croyances s’entremêlaient. On racontait qu’elle était dotée d’un pouvoir mystérieux, capable d’exaucer les vœux de celles qui osaient la défier. Des pèlerins en route vers Notre-Dame de la Délivrande faisaient halte en ces terres, des jeunes filles en quête d’amour et de mariage se risquaient à accomplir un rite ancestral. Selon la tradition, elles devaient grimper sur le sommet du menhir, déposer une pièce de monnaie dans une cavité naturelle de la pierre, puis, le cœur battant, sauter dans le vide. Si l’épreuve était réussie, on disait que leur vœu d’union serait exaucé avant la fin de l’année.

Vers 1845, est-ce à force de recevoir les offrandes d’innombrables mains tremblantes d’espoir, la Pierre Debout finit par s’affaisser sous leur poids, emportée par le destin qu’elle avait si longtemps façonné ? On accusa les sabots des postulantes d'avoir déformé les cupules rituelles qui existaient sur la pierre. 

C’est ainsi que l’on cessa de la nommer simplement « la Pierre Debout », et qu’elle devint, à jamais, le « Menhir des Demoiselles », témoin muet des espoirs et des promesses d’antan.

Vol à la foire de Creully - 1834 - Paroles de lavandières

 

Paroles de lavandières


Nous sommes en septembre 1834, sur le bord du lavoir de Sainte Croix Grand'tonne


Jeanne : Dis donc, Marguerite, as-tu entendu parler de ce qui est arrivé à la foire de Creully l’autre jour ?

Marguerite : Oh que oui, Jeanne ! Tu parles de Marie Levillain, la femme Bonvoisin ?

Jeanne : Exactement ! Figure-toi qu’elle était chez le sieur Hergaux, en train de faire mine d’examiner ses étoffes...

Marguerite : Hum... Je vois bien le genre, l’air de rien, la main qui traîne...

Jeanne : C’est ça ! D’une main, elle touchait un morceau de tissu, et de l’autre, hop ! Une belle pièce de cotonnade sous le tablier. Ni vue ni connue, elle s’en allait tranquillement !

Marguerite : Mais alors, comment s’est-elle fait prendre ?

Jeanne : Ah ! Les Hergaux, père et fils, avaient l’œil. Ils l’ont arrêtée avant qu’elle ne s’éclipse.

Marguerite : Ah la malheureuse ! Et elle a avoué ?

Jeanne : Pas du tout ! Elle a laissé tomber la pièce, levant les bras au ciel, jurant qu’elle était innocente comme un nouveau-né !

Marguerite : Ah ! Ces histoires, toujours les mêmes... Et la justice, qu’en a-t-elle dit ?

Jeanne : Eh bien, le tribunal n’a pas été dupe, ma chère. Trois mois de prison et les dépens !

Marguerite : Eh bien, elle s’en souviendra ! À trop vouloir jouer les fines, on finit par se brûler les ailes !

Jeanne : Comme tu dis, Marguerite. Allez, frottons, y’a encore du linge à laver !

Creully sur Seulles - Un ami nous a quitté : Jean-Marie Mesnil

 Jean-Marie Mesnil, un creullois, nous a quitté. Triste nouvelle de perdre un ami, féru d'histoire comme moi.

Noé Groult a bien voulu retracer la vie de Jean-Marie:

Jean-Marie au volant du camion de livraison de l'épicerie Mesnil, bien connue sur la place de Creully.

Jean Marie reste pour moi une merveilleuse rencontre que je mettrai au même
niveau que ma rencontre avec Pierre Troisgros. Je suis arrivé à Creully en mars 1973, pour devenir l'adjoint de Mme Monique Corbet qui était responsable de l'administratif de la Coopérative de Creully. J'habitai à Meuvaines et en 1976 j'ai construit une maison rue Haimon Le dentu, en face de chez Mr Clairon. Très vite j'ai fréquenté la cave de Jean Marie et au fil des années nous avons sympathisé. Il est devenu  mon Maitre pour le vin. A son contact je me suis investit et découvert les subtilités des vins en devenant modestement un spécialiste du vin, champagne et Calvados. Je me souviens que j'avais proposé au Directeur  de la Coop, Claude Corbet et au conseil d'administration d'offrir un magnum de Vin de Bordeaux pour  une assemblée générale. Jean Marie,  Il était descendu, chez la Maison Dourthe et avait dégusté trois cuvées. A la réception, il ouvre une bouteille et il ne retrouve pas le vin désiré. Il retourne la palette et exige  le bon. En rangeant ma cave je viens  de découvrir un magnum du N° 1 de chez Dourthe millésime 1998, que j'avais commandé pour Assemblé Générale de décembre  1999.   " A l'occasion du changement de Millénaire, votre Coopérative de Creully est heureuse de vous offrir ce magnum gage de prospérité." Je n'oublie pas, quand, j'ai créé " Les Délices du Parc" à Courseulles sur mer avec un associé, Jean Marie nous a donné un sacré cout de main pour le choix des produits, les prix et sur les délais de paiements.  Quand je pense à lui, je me rappelle des moments exceptionnels, quand nous mangions chez le curé Morcel un sacré personnage il habitait au dessus de la poste, et avec une petite bande Jacki Madelaine, Thierry Collet, Monsieur Henry Dumesnildot, Jean Marie  et quelques autres qui se joignaient à nous, on passait des moments inoubliables à refaire le monde. Un jour j'ai organisé dans "sa cabane" à St Come de Fresne, un repas gastronomique pour la bande  avec une dizaine de plats dont foie gras, carpaccio de lotte, la crème de bulot que j'ai eu le plaisir de présenter à Pierre Troisgros, saumon cuit dans du paprika fumé, encornets farcis. et ...pleins choses encore, quel souvenir et surtout heureux  de lui avoir fait plaisir. 
C'était un homme fidèle en amitiés et en commerce, il me racontait dernièrement qu'il travaillait avec la Maison Ramage La Bâtisse depuis les années 60, on peut ajouter Henriot, Devaux, Pabiot, Beyer, Dourthe, Maison en Cheverny,  Faiveley, Chateau Villeneuve et le Calvados de la Maison Huard..
Il appréciait,  les personnes sincères, il détestait  les hypocrites et les renifler de très long   il n'aimait pas  les beaux parleurs, et surtout il n'aimait pas d'être trahi, dans ce cas c'était fini à vie., 
Il avait un caractère bien trempé et des idées bien arrêtées, qui lui donne raison aujourd'hui.
Il avait beaucoup d'humour, son gros coup  qui avait fait là une des journaux. Avec un gros bidon en perçant des trous, il avait représenté un extra terrestre qui atterrissait sur la terre, il l'avait déposé derrière son dépôt dans un champs, ça se passait la nuit, donc plus impressionnant, et un de ses  salariés était tombé dans le panneau, il racontait partout ce qu'il avait vu résultat c'est arrivé aux oreilles des gendarmes et des journalistes..................
Je pourrai en parler pendant des heures, mais mon plus beau souvenir c'est d'avoir fait avec lui un petit livre sur le champagne, qui m'a donné envi d'écrire un livre sur le vin, il m'a donné des conseils et j'en tenue compte, et il l'avait beaucoup apprécié..
Adieu l'ami mais tu resteras toujours dans mes pensées.


Le maître bâtisseur, maçon d'Amblie (près de Creully) et le dôme de l'église de Valognes.

 

L’église de Saint-Malo de Valognes ne devait pas son mérite à l’unité de son style, mais plutôt à l’empreinte laissée par plusieurs générations de maîtres d’œuvre, qui se sont succédé du XVe au XVIe siècle. Témoignage de leur talent, le dôme ou tour-lanterne, édifié entre 1607 et 1612 sur la tour érigée à la croisée du transept, illustre le dévouement et la générosité des habitants de Valognes. Malgré les ruines et les ravages subis par leur ville en 1944, comme dans toute la Basse-Normandie, ils n’avaient pas renoncé à leur patrimoine. 

Ce dôme est aussi l’héritage d’un architecte longtemps resté dans l’ombre, dont le nom a été révélé grâce à des documents récemment offerts aux archives de la Manche par Louis Foisil :
Richard Gobey, maître bâtisseur et maçon de la paroisse d'Amblie, près de Creully.


Les archives confirment que la conception et l’exécution essentielle de l’ouvrage reviennent à Richard Gobey. Toutefois, son œuvre fut étroitement liée à celle de Robert Gourrault, trésorier de l’église, dont le nom demeure attaché au dôme, parfois surnommé « tour Gourrault ». Gourrault, qui semble avoir agi en tant que surveillant des travaux en l’absence de Gobey, dut faire appel à la générosité des paroissiens afin d’obtenir des fonds supplémentaires, indispensables à la poursuite du chantier.

Lorsqu’en 1607, les paroissiens conclurent un accord avec Gobey, un acte fut rédigé pour en formaliser les termes. Ce devis, cependant, témoigne d’une rédaction maladroite : soit que le maître maçon, peu lettré, ait eu du mal à exprimer sa pensée, soit que le notaire, ignorant des termes architecturaux, en ait mal transcrit les explications.

La pierre d’Orival, embar­quée au port de Bernières et amenée par mer à Quinéville, n’exigea pas moins de « soixante voitures de harnois » pour être transportée à pied d’œuvre.


LE DEVIS  

(J'ai recopié ce texte sans en modifier l'orthographe de l'époque.)

 " L'an mil six cent sept le treiziesme jour de mars à Vallongnes, furent présents :
Les sieurs ofliciers du Roy, nobles bourgeois et habitans  de Vallongnes, savoir nobles hommes Mr Jacques Poerier...........
 Lesquels pour eux et aultres dudit lieu ont fait marché, accord et attachernent avec Mr Richard Gobey, maistre  masson, de la paroisse d'Aomblye, viconté de Caen,
Par lequel ledit Gobey a promit et s’est obligé, par le  corps, faire bastir et rendu prest et parlait dans le jour et  feste de Toussaint prochain venant, sur la tour lanterne de  l'église dudit lieu un dosme en forme d'impérialle de  carreau, sellon et suyvant le dessain et figure de ce baillée  el signée par ledit Gobey, lequel dosme sera conduit et  élevé à Ia hauteur du coq de la tour de l'horloge de Ia  forme et faceon réduite à huit pans égaulx sur ladite  lanterne et à chacun pan une fenestre  de vingt pouces de laize, de haulteur qu’elle ne pourront estendre soubz le cordon et corniche de de dessus, faisant ceinture à l’entour  dudit dosme avec un pilastre représenté au pied droit de  chacun costey desdites fenestres de six pouces de face et  trois pouces de saillie hors la ligne des esselles, qui sera de huit pouce d'épaisseur, à Ia hauteur de dix pieds de pied- droit soubz ladite corniche avecq les frises au-dessus d'icelle  corniche soubz les petites piramides  et amortissemens  représentez avec leurs crestes sur chacune desdites fenestres, et sera chacune assise dudit dosme d'épaisseur de six  poulces par un lit et de sept poulces par l'aultre — et sur  chacun coing et carré un ourlet portant ses crestes avec l'admortissement du hault, le tout du carreau prins es « carrières d'Orival, Vallongnes et Yvetot, ainsy que ledit Gobey verra bon;  — ci faisant face et parement par dedens et dehors; — et sera tout ledit edifice passonné avec cyment de bricques et vives chaux;  — et oultre sera tenu fournir une ceinture en barres de fer attachées et coullées avec le plomb allentour du piedestal dudit dosme avec une aultre ceinture de plomb coullée et engravée dedans l'une desdites assises de carreau viron à la hauteur de la moitié du dit dosme.
 
 Pour faire lequel ouvrage, ledit Gobay sera tenu fournir  à ses frais de tous les matériaux, tailles, services et instrumentz, choses nécessaires et requises tant pour la conduite et perfection dudit ouvrage que pour le service sans en rien y convoquer ny appeler lesdits sieurs officiers, fors et réservé le nombre de six chartées de perches de bois pour luy aider à faire ses piliers et deux chartées de gros boys de haestre pour ses ceintres que lesdits sieurs luy feront mettre à place et luy fourniront le charroy de soixante chartées de carreau prins du havre de Quinéville du nombre des careeaux par luy rendus audit havre et prins à Bernières.
 
Et fut ledit marché et attaschement fait pour le prix et somme de quinze cent livres tournois pour principal et cent livres tournois pour vin, lequel vin lui sera payé par  advance et le reste en travaillant tant à l'assemblement et  achapt de ses matériaux que aultremenl, et après lesdits matériaux assembler, sera payé par sepmaine eu travaillant  audit ouvrage.
Signent :
 Poerior — Dumonslior — Lucas — Dumouchel —  Le Febvre — De Viray — Jobart — Jacques Jallot — •i G. Le Febvre — J. Le Febvre — Gires — Delangle —  Le Verrier — Gobey — Le lBret — Frolland — De Touraine  — Poisson — Ogier — Prevastel — Tourneboys —  P. Mouchel — Pridechien — Denis — Denis —  Marie —  Llaisney — Le Maistre et Hourdon, varaffées."

Le 30 août 1607, Richard Gobey apposa son seing sur l’acte de marché, attestant ainsi avoir reçu de Robert Gourrault, avocat et trésorier de l’église, un premier versement de 560 livres sur la somme convenue. Les travaux avancèrent avec vigueur durant un an. 

Entre le 11 novembre 1607 et le 8 septembre 1608, Gourrault déboursa encore 644 livres pour rémunérer les carriers d’Yvetot, les mariniers acheminant la pierre du Bessin jusqu’à Quinéville, les charretiers la transportant jusqu’à Valognes, ainsi que les ouvriers la mettant en œuvre. À ces dépenses s’ajoutaient les 500 livres versées en 1607, portant le total à 1204 livres, somme presque entièrement absorbée, alors que le chantier était encore loin d’être achevé.

À l’été 1608, Gobey quitta Valognes pour se consacrer à une autre construction à Notre-Dame de Saint-Lô. Confronté à des pertes financières, il refusa de poursuivre les travaux. Les paroissiens, outrés, mandatèrent Gourrault pour l’obliger à honorer ses engagements, n’hésitant pas à envisager la saisie de ses biens et même son emprisonnement. Acculé, Gobey céda et accepta de revenir à Valognes. Sensibles à sa détresse, les habitants firent preuve de clémence et lui promirent un complément de 300 livres. Toutefois, cette aide se révéla insuffisante, et l’année suivante, Gobey se retrouva une nouvelle fois sans ressources.

Dans une requête poignante, il exposa son infortune : son logis d’Amblie avait été pillé, ses biens volés, et il risquait d’être contraint de vendre sa dernière maison et d’envoyer sa famille mendier. 

Creully, Amblie et Bernières sur une carte du littoral de la Manche (1678).

Il ne réclamait aucun salaire pour lui-même, se contentant de l’hospitalité d’un paroissien charitable jusqu’à la Toussaint, mais suppliait que ses ouvriers soient payés. Touchés par son désespoir, les habitants acceptèrent de verser 200 livres, à condition qu’il ajoute, au sommet de l’édifice, huit fenêtres avec les moulures et amortissements nécessaires pour accueillir l’horloge du lieu.

Le 9 novembre 1611, Gourrault présenta les comptes : il apparut que Gobey avait perçu 2100 livres pour lui, ses ouvriers et les matériaux, sans en tirer aucun profit. Le trésorier fut alors chargé d’acquérir quelques charretées de pierre afin de finaliser les derniers éléments de maçonnerie. Privé de tout nouvel apport financier, Gobey abandonna une fois de plus le chantier. Pourtant, loin de lui en vouloir, les habitants réalisèrent qu’il avait été victime d’un marché désavantageux.

Fiers de leur dôme, ils continuèrent cependant à lui faire confiance et, le 15 décembre 1612, lui confièrent une nouvelle tâche : la reconstruction de la flèche sur l’escalier de la chapelle Saint-Sépulcre, près de la grande porte de l’église. Pour ce travail, ils s’engagèrent à fournir les matériaux et à payer les ouvriers, tout en promettant à Gobey une rémunération de 60 livres.

Ce maigre salaire fut sans doute le seul bénéfice pécuniaire que Richard Gobey retira de ses travaux à Saint-Malo de Valognes. Pourtant, il est probable qu’il ait laissé d’autres édifices en héritage, car le dôme de Valognes témoigne d’un talent indéniable, empreint d’une sensibilité artistique singulière et originale.

LE PLAN DE GOBEY

Voici un extrait d'un texte trouvé dans un ancienne "Annuaire du département de la Manche" concernant un plan qui m'a été fourni par Franck Isidor: 

Lorsque les paroissiens traitèrent avec Gobey eu 1607, Ia construction de la
tour était déjà fort avancée ; la partie  basse, octogonale, qui raccorde si heureusement la nef et le chœur, de hauteurs différentes, était construite ainsi que la voûte inférieure, mais il restait à élever l'amortissement  ou couronnement.  Le dessin proposé par le maître bâtisseur d'Amblie a été conservé ; il porte au dos cette note ; "La figure représentée en l'autre part haillée par moy douhz-signé, maître masson, pour la conduite de la couverture de la lanterne de l'église de Vallongnes. R.Gobey" 
Ce dessin est précieux, car les documents de cette nature sont extrêmement rares, mais c'est une œuvre médiocre, faite par un dessinateur inexpérimenté qui n'avait aucune notion de perspective. R.Gobey était plus habitué à tailler la pierre qu'à tenir un crayon. 








Sources : Annuaire du département de la Manche - Bourde de la Rogerie - Archives départementales du Calvados - Franck Isidor.